Il est 6h30 et le temps de s’y mettre. Dans mon heureusement désormais ancienne vie de salarié, la question ne se posait pas. À cette heure, je serais sûrement dans le train ou en voiture en direction du bureau. En tant qu’indépendant et donc quasi-totalement libre de mes choix, c’est un peu plus complexe et, en cette période particulière où l’on passe de plus en plus de temps devant l’ordinateur, se motiver n’est pas toujours le plus facile. Ma vie salariée m’imposait des obligations mais rien ne m’empêchait de rester bloqué devant l’ordinateur en me demandant par quoi commencer. Le démon de la procrastination est partout et particulièrement vivace en cette période de pandémie.

Car rappelons-le : la procrastination ou le fait de remettre au lendemain ce que l’on peut faire aujourd’hui (ou « glandouiller » dans des termes plus communs) n’est pas de la paresse mais a depuis longtemps été catégorisée comme un évitement, un état mental qui ne permet pas de se confronter aux rigueurs de la vie quotidienne.

C’est encore plus complexe en ce moment où la quête de sens reste importante et je vois par exemple nombre d’étudiants, ayant passé la majeure partie de leur année seul.e.s devant leur ordinateur, loin de ce qui fait le sel des études, sombrer dans une forme de désespoir, une procrastination larvée qui empêche de se motiver.

Il n’existe pas de recette miracle mais un certain nombre de méthodes aident à se mettre dans une atmosphère de travail et à démarrer la journée.

(Certes, on me fera sûrement remarquer qu’un jour férié je ne serai pas au boulot. Je me suis pourtant pointé au bureau un jour alors que la collectivité pour laquelle je travaillais faisait le pont… Ce fut une journée de tourisme forcé très sympa.)

Ne commencez pas par les emails

On serait tenté de démarrer par notre pain quotidien, les nombreux emails reçus, et après avoir fait le tri répondre rapidement à chaque. Surtout pas ! Les emails concernent en effet des sujets souvent très diversifiés, obligeant ainsi le cerveau à passer d’un contexte à un autre, d’une mission à une autre. Qui plus est, si certains emails peuvent être réglés en quelques minutes, d’autres marquent le début d’une tâche importante.

Tout ce que l’on peut concéder, c’est de faire le tri des emails et je reviendrai sur ce point plus tard dans un autre post. Mais là encore, on peut être happé par différents sujets et le cerveau peut rapidement se trouver dans un état de confusion, de trop-plein.

Fuyez les réseaux sociaux

On serait tenté également de voir les nouvelles du monde mais les réseaux sociaux ont inventé un puits sans fonds, un trou noir qui vous happe sans vergogne : le scroll infini. Vous pouvez scroller vers le bas sans cesse sur Facebook, Twitter ou autres : il y aura toujours quelque chose à lire. Le temps passe vite et vous vous rendrez compte que les 10 minutes de réseaux sociaux se sont transformées en une heure.

Pour prendre les nouvelles du monde, je préfère faire ma revue de presse. Étant en effet abonné grâce aux flux RSS à quelques sites, je sais que mon espace « lecture » est fini et je ne serai donc pas confronté au scroll infini. Mes articles sont sauvegardés pour être lus plus tard dans la journée, sauf si l’un d’entre eux m’accroche particulièrement.

Commencez par ce qui vous plaît

Je ne suis pas sûr que commencer la journée par remplir le formulaire B257 de la directive C-432 sur le site defisadministratifs.com soit une bonne idée. Pour se lancer, se mettre dans un état d’esprit « travail », il faut en avoir envie. Commencez donc par une tâche que vous aimez. Cela n’en rendra que plus simple la transitionn vers des tâches plus ardues.

Trouvez votre atmosphère

Certains aiment le silence absolu. Pour ma part, j’ai du mal à m’y faire et il me faut absolument un fond musical ou des atmosphères type mer, nature, ville à écouter. Ne vous forcez pas à adopter une atmosphère qui ne vous convient pas pour le travail. C’est le meilleur moyen pour pousser votre cerveau à vagabonder et s’éloigner des objectifs.

Alternez entre récompenses immédiates et autres plus lointaines

Il est des tâches que l’on peut faire en quelques minutes. D’autres qui demandent quelques heures. Difficile aussi de se projeter dans des activités qui ne se verront récompensées que dans quelques mois. L’erreur est donc de ne faire que des tâches faciles, rapides, stimulant immédiatement notre cerveau grâce au circuit de la récompense immédiate.

Il serait par contre difficile de ne s’atteler qu’à des tâches dont la finalisation est lointaine. Tout le secret réside donc dans l’alternance entre ces deux types de tâches afin de continuer à stimuler le cerveau et la motivation.

Alternez entre les tâches

Bloqué sur une tâche ? C’est le moment de passer à autre chose avant d’y revenir. Non, la concentration n’est pas réussir à rester sur une seule et même tâche pendant des heures mais bien plutôt réussir à maintenir une atmosphère de travail et de créativité.

Très souvent votre cerveau ne demande quà s’aérer un peu pour résoudre les problèmes qui se posent à vous. Passez à autre chose. Je rédige par exemple souvent deux ou trois textes en même temps. Lorsque je sèche sur l’un, je passe à un autre et l’inspiration me revient soudain pour le précédent.

Je n’écris pas non plus les textes de manière linéaire mais passe souvent d’un paragraphe à un autre, ce qui me permet de maintenir mon attention et ma concentration sur cette tâche en évitant la monotonie.

Créez un horizon d’attente

Il est des tâches plus difficiles que d’autres, celles pour lesquelles personne ne vous attend : des projets qui ne changeront pas la face de la terre s’ils ne sont pas réalisés. Quoique… Ces projets ont peut-être sans que vous le sachiez encore un grand impact sur votre avenir mais il est difficile de se motiver quand personne ne vous soutient véritablement.

À vous donc de créer un horizon d’attente, d’imaginer les foules entières impactées par votre projet, les myriades de lecteurs s’arrachant votre dernier best-seller par exemple.

Abaissez votre niveau de qualité

L’un des plus grands freins à la motivation et la créativité est de visualiser un peu trop rapidement une version parfaite d’une tâche ou d’un projet. Les étapes sont nombreuses avant d’y arriver et cela peut être décourageant. Même pour une tâche simple, on peut buter longtemps sur la recherche de la forme parfaite. L’important pour l’instant n’est pourtant pas de finir mais de commencer.

Pour cela, oubliez votre objectif quelques instants et démarrez. Pour l’écriture ou du code par exemple, mieux vaut quelques phrases boîteuses, des mots éparpillés, des algorithmes peu élégants que rien du tout. En posant les premières briques de votre travail, vous en établissez les bases et aurez tout le loisir de les consolider ensuite.

Datez, évaluez, détaillez en tâches

Réponndre au SMS d’un ami n’est pas la même chose que synthétiser le document de 64 pages reçu la veille ou préparer la journée de formation de la semaine prochaine. Pourtant ces tâches tiennent chacune sur une ligne. Afin de ne pas devoir tout effectuer à la dernière minute, il convient pour chaque tâche :

  • de dater : existe-t-il une date limite pour cette tâche ? Si oui, elle doit passer en priorité en fonction du temps restant.
  • d’évaluer : est-ce une tâche qui demande 3 minutes, 2 heures, 2 jours ? Existe-t-il des incertitudes qui risquent de vous faire passer plus de temps que prévu (solution non encore testée par exemple) ?
  • de détailler si besoin : si la tâche est importante, découpez la en plus petites tâches. C’est le meilleur moyen de ne pas se décourager car on peut alors mesurer nettement la progression.

Traquez, analysez vos avancées

Nous avons souvent tendance à être optimiste quand il s’agit d’évaluer le temps nécessaire à une tâche. Cela vaut donc le coup de mesurer et d’analyser votre temps de travail en utilisant par exemple un minuteur de cuisine. Ainsi j’estime parfois que je suis capable de réaliser telle tâche en 15 minutes alors que c’est moins ou alors beaucoup plus. Ces différentes mesures m’aident à m’organiser au mieux en sachant si je suis en avance, en retard ou parfaitement dans les temps. Cela m’aide également à organiser mes tâches, sachant qu’à tel ou tel moment je peux me lancer dans une tâche spécifique mais pas une autre si je veux arriver au bout.

Ajoutez des limites, des défis

Les tâches rébarbatives le sont moins lorque l’on ajoute un peu de ludification sous forme de défis par exemple. Je me souviens de temps passé devant une photocopieuse avec pour défi de réaliser la tâche en moins de x minutes ou en optimisant par l’apprentissage de fonctions plus complexes que le gros bouton vert du photocopieur. Parfois je tente d’autres routes pour me rendre à tel ou tel rendez-vous, telle ou telle réunion, un peu de tourisme en soi. Je m’impose aussi des défis, des méthodes pour avancer au mieux.

Ajoutez des activités « plaisir », des récompenses

Parfois la liste des tâches de la journée n’a rien d’un parcours de réjouissance et l’on peine à y effectuer les premiers pas. Ajoutez-y donc une dose d’activités « plaisir » indispensables pour vous aider à maintenir la motivation.

N’oubliez pas non plus de vous offrir une récompense finale qui constitue une sorte de « carotte » vous aidant à avancer. Cela vous donne aussi un temps défini pour le travail. Ainsi si je sais qu’aujourd’hui je vais travailler une partie de la journée, je sais aussi que j’irai me balader tout à l’heure et que je dois donc avancer au mieux sur mes projets si je veux partir l’esprit tranquille.

3 commentaires

  1. top l’article ! un bon condensé, clair et assez bien simplifié pour permettre de mettre le pied à l’étrier. j’aurai pas fait mieux 😉

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