On les appelle « mauvaises herbes ». Sans distinction. On les arrache, on les brûle. Car ça fait « sale ».
Amenées par le vent, la pluie, les oiseaux, elles s’installent partout où elles peuvent. Elles colonisent. Elles envahissent. Elles partent à la conquête d’un territoire qui est en fait le leur.
Le confinement leur a rendu les clés des villes et elles se sont vite adaptées à ce nouveau rythme urbain. Elles nous sont désormais plus familières mais continuent encore d’être pourchassées sans relâche en divers lieux.




On a peur que de ce que l’on ne connaît pas.
Parfois on les oublie par fatigue, par négligence, par habitude… Par amour. Elles s’étendent, colonisent le moindre centimètre carré de terre, voire se transforment en buisson, en arbre.
Certaines donnent des fruits, d’autres des fleurs. D’autres enfin rien de spécial si ce n’est le plaisir de verdir notre regard.
Je les collectionne sur « pellicule » depuis de nombreuses années, au début par simple curiosité, puis au sein d’un projet photographique intitulé « Urban Natural Resistance ». Peu à peu, elles me sont devenues incontournables. Elles méritent mieux que notre simple attention. Laissons-leur la ville. Aidons-les à grandir. Aidons-nous à grandir.
C’est pour cette raison que les valises sont posées en ce moment pour quelques jours au sein du Musée numérique de la Maison Folie Moulins de Lille pour sensibiliser le public, plus particulièrement les enfants, à ces plantes sauvages qui nous entourent : pissenlit, laitue des murailles, orge des rats, rose trémière, coquelicot, fougère, cymbalaire des murs, phacélie, fraisier des bois, berce commune, gueule de loup…
On dessine, on découpe, on assemble sur la base du Tangram, un jeu ancestral, qui par sa simplicité pousse à la créativité mais aussi à réfléchir à notre obligation de préserver nos ressources en travaillant de manière minimale et optimale.
Objectif : à partir des pièces du Tangram, imaginer, dessiner et assembler un jardin imaginaire que l’on vient poser au sol sur un plan schématique de la ville, une carte sensible qui permettra au travers d’une oeuvre collaborative de découvrir d’ici quelques jours une mosaïque de jardins presque parfaits, agrémentés de « forêts » miniatures. D’autres dessins sont exploités de manière électronique et musicale pour le coté numérique de l’expérience.

L’espace et l’atelier sont pour l’instant réservés aux enfants des centres aérés mais samedi dès 14h le musée numérique sera ouvert au grand public et, cher lecteur, chère lectrice, vous êtes les bienvenus.
J’y ai pu voir aujourd’hui mon premier drapeau ukrainien. J’aurais préféré sans car cela signifierait que ce conflit n’a pas lieu et que ces enfants sont toujours dans leur pays et non déracinés à cause de la folie des grands. Bonjour les premiers mots en ukrainien et merci Google Translate… Ainsi que ce livret de communication disponible en ligne.

L’oeuvre créée a vocation à être photographiée, numérisée et archivée en ligne par la suite au travers d’un site reprenant l’ensemble des créations. Je m’y attelerai dès que l’atelier sera fini.
Au delà des activités de bricodage, diverses photographies permettent de se familiariser avec des plantes rencontrées au fil de toutes ces années.
Petit panorama des espéces rencontrées et présentées au travers de l’exposition. J’en rencontre de plus en plus dans ma ville et c’est un réel bonheur.









Petite anecdote pour conclure ce post. La nature se veut quelque peu ironique. La municipalité a créé près de chez moi un espace qui sera bientôt végétalisé suite à différentes consultations auprès des habitants. Il est pour l’instant en friche (plantation prévue en septembre) mais c’est à se demander s’il est vraiment nécessaire d’y planter quoi que ce soit car la nature s’en est chargée depuis et ce ne sont pas les fleurs qui y manquent. 😉

Merci pour ce projet, Jean-François, c’est très beau !
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Merci !!!
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