Lors d’une foire aux livres, ma fille et moi-même sommes tombés sur tout un lot de livres des aventures d’Alice Roy, l’héroïne créée par Caroline Quine dans les années 1930 aux États-Unis et découverte en France dans les années 1950. Caroline Quine n’est d’ailleurs pas un.e véritable auteur.e mais le pseudonyme d’un collectif d’auteur.e.s qui tour à tour ont pris la plume pour écrire les aventures d’Alice mais aussi celles des soeurs Parker. Le procédé innovant à l’époque et initié par un éditeur permettait de publier rapidement des ouvrages. Il va sans dire que les premiers auteur.e.s ont malheureusement peu perçu du succès de la série.

Nous ne sommes donc pas fait priés pour prendre le lot car cela ravivait pas mal de bons souvenirs de mon coté et cela permettait à ma fille également de compléter sa collection.

Mais qui est Alice ? Fille d’un avoué habitant la ville fictive de River City aux USA, Alice est passionnée par la résolution d’énigmes. Il lui arrive toutes sortes d’aventures où pointe toujours le mystère sous des formes diverses : carte au trésor, manoir hanté, alchimistes, secrets de famille, romans disparus, bijoux merveilleux, cartomanciennes… Les aventures d’Alice ne manquent pas de souterrains et de passages secrets et manient particulièrement bien le « cliffhanger », ce procédé qui consiste à interrompre l’écriture en plein mystère avant de passer au chapitre suivant. Alice ouvre une porte et pousse un cri ? Suite au chapitre suivant. Alice glisse subitement dans un souterrain ? Suite au chapitre suivant. Alice est emmenée de force par une main mystérieuse ? Suite au chapitre suivant. Alice se précite au petit-déjeuner sur le panier de viennoiseries et prend un… ? Suite au chapitre suivant… 😉

Le scénario est toujours un peu réccurent voire surréaliste car il lui arrive systématiquement quelque chose à chaque chapitre et les affaires que suit son père coïncident toujours avec l’affaire que devra résoudre Alice. Parfois cela en fait un peu trop et l’on connaît la méthode tellement par coeur que l’on finit par deviner ce qui se passera au chapitre suivant. Derrière la personne qui demande l’heure à Alice se cache bien souvent le principal suspect.

Je plaisante mais ne boudons pas notre plaisir. Lire les aventures d’Alice, malgré un récit un peu daté (les éditions que j’ai ayant entre 30 et 40 ans d’âge) et des opinions conservatrices mais d’époque, reste un divertissement agréable.

J’ai été surtout intéressé dans le lot par l’ouvrage intitulé « Alice et le robot », paru aux USA en 1971. J’avais hâte de voir comment pouvait être traité le sujet et ses contours à l’époque. Sans surprise, le robot en question est antropomorphe et réalise bien des exploits que lui envierait n’importe quelle actuelle entreprise de robotique. On nage pour l’époque en pleine science-fiction, surtout sur le plan des déplacements, notre robot sachant apparemment se débrouiller avec les escaliers.

La couverture ci-dessous date de 1974. Les illustrations à l’intérieur de l’ouvrage ne nous apportent pas plus d’informations sur le fonctionnement du robot, hormis la présence de deux câbles reliant la tête et le corps. Il est intéressant de noter que nulle part on ne mentionne l’électronique. C’est en effet par exemple un électricien qui est amené au chevet du robot après qu’un individu l’ait vandalisé.

Des ordinateurs ayant servi à programmer nous ne saurons malheureusement rien, hormis qu’il y en a un grand et un petit. Je suis resté, vous l’imaginez aisément, sur ma faim.

Mais la partie intéressante concerne la méthodologie permettant de programmer le robot. Il est indiqué plusieurs fois l’utilisation de « bandes » que l’on insère dans le cou de l’intéressé. Elle ne sont décrites nulle part et, de même, une illustration plus précise du robot ne permet pas non plus de voir la présence d’un « lecteur » de bandes dans le cou. Je ne peux donc que laisser voguer mon imagination.

Deux hypothèses possibles : primo, l’utilisation de cartes perforées, tout à fait crédible, mais le terme « bandes » me gêne un peu et, secundo, je songerai donc plus facilement à des bandes magnétiques. À moins que l’auteur.e de ce volume d’Alice n’ait été quelque peu « spécialiste » du sujet, dans l’imaginaire collectif de l’époque et dans les séries et films, ce sont bien plus les bandes magnétiques qui sont représentées que les cartes perforées qui, quant à elles, bien qu’encore pas mal utilisées, sont tout doucement sur le déclin.

Ce qui m’a fait penser aux cartes perforées est le fait que chaque « bande » contient un programme avec des instructions particulières. Une bande transforme le robot en gardien de maison agressif, une autre en serviteur classique ; une dernière lui fait révéler l’emplacement du testament de son créateur. Il en existe beaucoup d’autres rangées dans une boîte mais Alice et ses compagnons ne m’ont pas fait le plaisir de toutes les tester. Heureusement pour elle que je ne fais partie de ses enquêtes. Ce volume ferait en effet 317 chapitres dont un petit tiers sur le test de chaque « bande », un autre bon tiers consacré au décryptage du contenu des bandes, un bon gros tiers à l’exploration des ordinateurs ayant servi à créer les bandes, enfin un tout petit tiers dédié (enfin !) à la résolution de l’énigme, ce qui laisse peu de place à Alice.

Vous l’aurez compris. Je ne fais que singer ici Raimu/César dans la trilogie de Marcel Pagnol au travers de sa célèbre explication de la fabrication du « mandarin-citron-curaçao ». Et, à l’instar de Marius, son fils, ma fille pourrait me dire : « Mais Papa, ça fait quatre tiers et, dans un verre, il n’y a que trois tiers. » Je lui répondrai tout aussi savamment que « cela dépend de la grosseur des tiers ». 🙂

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