Il m’arrive régulièrement de devoir enregistrer des voix d’enfants dans le cadre de projets comme par exemple les contes animés. Si la pratique est sympathique, cela peut être une véritable galère pour obtenir un résultat cohérent et de qualité. J’ai pas mal galéré et galère encore parfois mais quelques petites astuces en vrac ci-dessous peuvent non pas vous sauver la vie mais tout au moins vous éviter de perdre patience.

Bien choisir son lieu

Primo, trouver un lieu calme dans une école est une gageure mais il existe parfois des espaces préservés comme la médiathèque, un bâtiment à part, une salle tout au fond du couloir où personne ne va jamais… Attention cependant à n’avoir personne au-dessus de votre tête : les bruits de pas et de chaises sont particulièrement pénibles.

Si vous ne pouvez faire l’ensemble des enregistrements le même jour, veillez à pouvoir de nouveau réutiliser le même lieu la fois prochaine afin d’éviter que les voix ne sonnent différement en fonction de la configuration de la pièce. On peut parfois privilégier certains lieux pour leurs propriétés comme par exemple un écho ou une réverbération naturelle.

Bien choisir le moment

Récemment je me suis lancé dans un enregistrement alors que la récréation des plus grands allait commencer. Mal m’en a pris et j’ai du décaler d’une demi-heure. Il faut compter aussi sur les entrées / sorties de classe, les réunions dans la pièce à coté, les heures de ménage, les travaux dans le quartier… Soyez prévoyants. Il vaut mieux choisir le moment en collaboration avec les enseignants qui sauront vous renseigner sur le moment idéal pour procéder aux enregistrements.

Travailler en petits groupes

L’idéal, c’est bien évidemment d’enregistrer les enfants un par un mais j’évite de le faire. Il vaut mieux procéder par petits groupes de deux ou trois, pas plus. Au delà, l’impatience de passer à l’action les rend un peu trop actifs et cela produit des bruits parasites. Je ne cherche pas le silence total mais j’essaie d’éviter au maximum les bruits de pieds qui se balancent et tapent contre le mur, le sol ou une chaise, les bavardages…

Bien choisir son matériel

Un téléphone est bien évidemment suffisant mais, si vous avez l’occasion de faire souvent des enregistrements, je ne saurais que trop vous conseiller de passer à un enregistreur un peu plus professionnel. Pour ma part, je travaille avec un Zoom H4n Pro qui n’est certes par le plus abordable mais remplit énormément de services pour une qualité de son optimale. On peut aussi viser le H1n qui propose une bonne qualité de son et des fonctions intéressantes. C’est d’ailleurs ce modèle qui est utilisé par les enfants lors des ateliers.

N’oubliez pas d’acheter des cartes SD de qualité pour le stockage et surtout des bonnettes pour éviter les effets de souffle ou diminuer le bruit du vent.

Par exemple :

Pour info, ce post n’est absolument pas sponsorisé par Thomann mais c’est chez eux que je me fournis d’où ces liens.

Écouter au casque

On peut utiliser un enregistreur sans forcément prendre de casque mais il est préférable de s’en munir car il permet de mieux saisir les détails et notamment de repérer quand un défaut de prononciation sera irrécupérable ou quand un bruit extérieur vient concurrencer un peu trop ford le son que l’on souhaite enregistrer. Récemment je percevais bien plus nettement le bruit produit par un radiateur grâce au casque que si je m’en étais passé. Je ne pense pas que j’y aurais véritablement fait attention en enregistrant sans casque. Pourtant il aurait constitué une véritable gêne ensuite au montage.

Évitez cependant les casques rehaussant certaines fréquences comme les fréquences basses par exemple. S’ils sont très utiles pour une écoute « de loisir », Ils distordent la réalité sonore et risquent de gâcher votre perception des sons qui vous entourent.

Penser à prendre des piles

À force d’enregistrer, je me suis retrouvé plus d’une fois avec l’icône « batterie » clignotante de mon enrgegistreur, idem pour ceux utilisés par les enfants. J’ai heureusement toujours un paquet de piles dans le sac. Mieux vaut être prévoyant.

Ne pas chercher la perfection

Lorsque l’on enregistre, il s’agit avant tout de ne pas oublier que l’on travaille avec des enfants avec tout ce que cela comporte comme différences au niveau de la diction, du volume, de la concentration… Qui plus est dans un environnement bruyant, loinde la quiétude du studio. C’est à « l’ingénieur.e du son » de régler cela ensuite au montage. Si je coupe des silences, des hésitations pour accélérer un peu le tempo de l’enregistrement, je ne retire pas tout. L’objectif n’est pas d’obtenir quelque chose de parfait mais de donner de la cohérence aux différents enregistrements et rendre compte clairement de ce que les enfants ont envie d’exprimer et surtout de la façon de l’exprimer.

Savoir gérer les enfants

Quand ce n’est pas l’un qui bouge ou tape des pieds, c’est l’autre qui sifflote ou tapote contre le mur, sans parler des chuchotements intempestifs. Au delà des bruits extérieurs, il est difficile d’obtenir un silence absolu alors qu’il est souvent requis quand on veut enregistrer une voix.

Leur ordonner de se taire ? Les forcer à ne pas bouger ? Contre-productif et pas très sympa… Je préfère me baser sur des petits jeux comme le roi du silence ou des variantes de « 1 2 3 soleil » plus lentes. Quand personne ne bouge, je peux enregistrer tranquillement la voix de l’enfant resté avec moi. Il ou elle entrera ensuite dans la compétition lorsque j’enregistrerai un ou une de ses camarades.

Parler des ciseaux numériques

Les enfants sont parfois intimidés devant le micro. On bafouille, on hésite, on se trompe et ils ont alors peur de devoir tout recommencer. Je leur parle à chaque fois avant de démarrer les enregistrements de mes « ciseaux numériques » et leur fais une démonstration grâce au logiciel libre Audacity des possibilités de modification du son en supprimant par exemple les hésitations et les blancs.

Laisser l’enregistreur aux enfants

Parfois et même très souvent je leur laisse les enregistreurs et ne fais que les suivre avec le mien, essayant de capter des atmosphères, quelques phrases, des expressions… Le résultat est souvent bien plus naturel que si on prépare auparavant avec eux. Tout dépend de ce que l’on veut obtenir et l’idéal est de mixer les deux approches.

Seuls inconvénients : la qualité de l’enregistrement est particulièrement variable et ils ont tendance à enregistrer des tonnes de choses. L’écoute et le découpage effectués ensuite prennent donc plus de temps.

Laisser traîner son micro pour capter des atmosphères et des bruitages

Capter les voix n’est pas suffisant. En effet, lorsque l’on coupe, il y a parfois des blancs qui ne sont pas très agréables à l’oreille. C’est pourquoi il vaut mieux enregistrer également quelques atmosphères afin de créer un fond sonore sur lequel on va venir poser les voix.

Faire répéter parfois

Comme indiqué plus haut, le casque est idéal pour repérer les possibles problèmes d’enregistrement, notamment lorsque le volume de la voix est beaucoup trop faible ou que vous repérez un problème de prononciation qui sera difficilement rattrapable. Pour éviter d’avoir du contenu inutilisable, je n’hésite pas de temps à temps à demander à l’enfant de répéter en lui indiquant quelle intonation ou quel volume je souhaite obtenir ou en prononçant les mots, la phrase en amont pour l’aider dans sa prononciation. Sans cela, cela peut s’avérer très complexe : j’ai essayé récemment de transformer l’expression « la famille céréaliers » en « la famille des céréales » en piochant des petits bouts de phrase, de mots à droite et à gauche dans le discours d’un enfant. Cela n’a pas été sans mal… 😉

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