Le terme « demoscene » tient une grande place dans ma vie et mon coeur. J’ai découvert, adolescent sur Amstrad CPC, cet univers, prémisse de l’art numérique, au travers de ce que l’on appelait les « démos », des démonstrations visuelles et sonores visant à dépasser les capacités techniques de la machine.

Je ne saurais pas me souvenir de la première démo que j’ai pu admirer, probablement l’introduction d’un jeu vidéo cracké (piraté) comme celle-ci des TB Crackers avec la superbe musique du jeu Glider Rider en fond.

Peu à peu, j’ai délaissé l’univers des jeux vidéos pour surtout m’intéresser quasi-uniquement à ces oeuvres dont pourtant nombre de techniques venaient de jeux vidéos produits ultérieurement. C’est en partie ces créations qui m’ont poussé à faire de la musique électronique en utilisant la programmation, puis des logiciels dédiés comme Soundtrakker.

Les « intros » telles que celle ci-dessus ont peu à peu pris leur indépendance pour devenir des oeuvres à part entière. Elles existaient déjà dans d’autres univers auparavant (par exemple sur Commodore 64) et j’ai pu suivre l’évolution de la scène peu après sur Amiga, en particulier avec la claque monumentale que m’avait mise en 1992 la démo « State of the Art » du groupe Spaceballs.

Suivie quelques temps après par sa petite soeur « 9 fingers ».

Les sons et les graphismes peuvent sembler datés, les effets simplistes, certes… Mais pour l’époque c’était phénoménal. On pouvait penser à l’époque l’Amstrad CPC mort et enterré mais l’ordinateur a survécu et la demoscene Amstrad ne s’est jamais éteinte. Des démos sont encore produites chaque année par des passionnés qui repoussent toujours plus loin les capacités de la machine.

La même année que « State of the Art », le demomaker Face Hugger répliquait déjà sur Amstrad avec son « Ultimate Megademo » composée de plusieurs parties et qui avait surtout impressionné par la 3D que l’on pensait impossible à concrétiser correctement sur cette machine.

En 2011, le Batman Group enfonçait le clou avec la demo « Batman Forever ».

La demoscene est à ma grande joie bien vivante sur tous les supports et les demomakers continuent de rivaliser d’imagination pour le plus grand plaisir de nos yeux et de nos oreilles. Ils font vivre à mon sens la philosophie du « less is more », à savoir que l’on peut faire de grandes choses avec parfois trois fois rien. Il suffit pour s’en convaincre d’admirer les démos tenant sur 64ko, une réelle prouesse quand on sait qu’une telle taille de fichier ne contiendrait même pas une musique en mp3 ou une photo de bonne qualité.

Mais pourquoi cette pointe de plus ou moins nostalgie actuellement ? Tout simplement parce que je viens de recevoir l’ouvrage « Memory Full » écrit par Hicks, demomaker et rédacteur du blog et magazine 64Nops. Celui-ci revisite l’histoire de la demoscene et du demomaking sur Amstrad CPC de ses débuts jusque 1997, ce qui augure la sortie d’un second volume que l’on espère le plus tôt possible.

L’ouvrage, financé grâce à la plateforme Ulule, sera à n’en pas douter de nouveau disponible sous peu car je pense qu’il a ouvert une voie dans ce domaine qui ne manque pas de lectorat. Hicks s’efforce de ne pas tomber dans des éléments trop techniques tout au long de l’ouvrage pour rester dans la petite histoire de cet univers qui ne prétendait pas révolutionner le monde à l’époque mais développait une curiosité technique importante. Pour peu que vous vous intéressiez à l’art numérique sous toutes ses formes et en particulier au balbutiement d’une scène artisanale, l’ouvrage trouvera sa place dans votre bibliothèque. Pour ma part, je suis à mi-parcours de sa lecture et ne regrette absolument pas cette cure de jouvence.

Laisser un commentaire