Yes, I’m in FOSDEM in Brussels and…

Oui, je démarre ce post en anglais car c’est bel et bien, vu le nombre de nationalités présentes, la langue plus parlée dans la place. Mais qu’est-ce que le FOSDEM ?

FOSDEM pour Free and Open Source Software Developers’ European Meeting (réunion européenne des développeurs de logiciels libres et open source), le rendez-vous annuel international mais belge de tous les adeptes des logiciels et de la culture libre, de tous les hackers au bon sens du terme. L’occasion de discuter, échanger, découvrir de nouvelles solutions, prendre des nouvelles du développement de nos logiciels et systèmes préférés. À ce sujet, la version 6.4 de Libre Office est sortie et je ne saurais que trop vous conseiller de la télécharger et de l’installer.

20200202_112152

Le FOSDEM est donc la fête du libre, des frites et de la bière (et du Club Mate, un soda célèbre) pour le côté gastronomique. Mais principalement l’occasion de réaffirmer les grands enjeux du numérique. Un logiciel n’est pas qu’une suite d’instructions et les nombreux débats sur les données, l’intelligence artificielle, la protection de la vie privée, la robotisation ne font que mettre en lumière la nécessité de réaffirmer notre volonté de se réapproprier la technologie, de la contrôler plutôt que de la laisser entre n’importe quelles mains. Au risque que des techniques comme, à tout hasard, la reconnaissance faciale deviennent des enjeux nationaux bien avant la protection de la vie privée. Il est hallucinant de constater que dès que l’on ouvre un peu la porte du numérique les verrous sautent et que, sous des prétextes économiques et pseudo-scientifiques, on s’attaque aux libertés fondamentales.

J’assiste ainsi aujourd’hui à une conférence sur l’intelligence artificielle et la nécessité de redistribuer cette technologie auprès de chacun, puis à une autre sur les enjeux de la liberté logicielle et un constat sur les combats restant à mener. Mais pourquoi vouloir tant de liberté ? Pour des raisons de sécurité : j’ai accès au code, aux instructions, à la recette du logiciel ; je sais ce que l’on fait de mes données. Pour des raisons d’égalité : j’ai accès et je suis libre d’utiliser de nombreuses technologies ; je ne les subis pas et peux partager avec d’autres mes réalisations. De cette connaissance et de ce partage découlent un meilleur rapport avec la technologie.

20200202_115415

En effet, « de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités » (Ben Parker / Spiderman) et il est important de le réaffirmer haut et fort. Au FOSDEM se retrouvent donc les apprentis-sorciers du bien général, du partage de connaissances et de la culture, les adeptes de la curiosité et de la créativité numériques. Car derrière un tel événement se cache bel et bien un idéal politique et sociétal : un vivre ensemble où la technologie est au service de chacun et non de quelques-uns.

Au delà de ces considérations, c’est aussi l’ambiance de ce milieu que j’aime et que je fréquente depuis plus de 20 ans, un espace ouvert où l’on ne juge personne. La normalité est un concept qui disparaît, permettant d’accueillir chacun sur des critères objectifs. Peu importe votre physique, votre genre, vos origines, votre handicap (pardon, différence !), votre orientation religieuse ou sexuelle, votre système d’exploitation (bien que l’on voit très peu de Windows sur les machines…), votre pilosité (barbu / non barbu), votre éditeur de texte (Emacs vs. Vi, Atom, Nano…), votre langage de programmation préféré… Chacun peut trouver sa place. Certes le FOSDEM souffre encore des clichés classiques liés à l’informatique et la place des femmes y est encore assez faible mais cela évolue et j’apprécie énormément de croiser de plus en plus, outre les héroïnes et figures connues du milieu, de nombreuses jeunes femmes qui ne sont plus dans la catégorie « j’accompagne mon copain » mais des actrices du mouvement. L’année dernière je n’ai pu m’empêcher de sourire en croisant un groupe d’adolescentes (moyenne d’âge : 15 ans) qui déambulaient de stand en stand pour collecter de l’information, discutaient sur des sujets assez pointus comme en témoignaient les ouvrages fraîchement achetés qu’elles tenaient sous le bras, sans oublier comme tout un chacun le plus important au FOSDEM : la récolte des stickers. Vous ne croyez quand même pas qu’on ne vient que pour s’informer ?! Autre note positive : on rencontre aussi de plus en plus d’enfants accompagnant leurs parents (et mêmes des hacker.euse.s en poussette…), bien que le niveau général des conférences ne soit clairement pas adapté pour l’instant. On pourrait imaginer dans le futur un FOSDEM 4 kids…

20200202_105819

Tolérance, bienveillance et même auto-critique comme l’affirmaient Karen Sandler et Bradley Kuhn du Software Freedom Conservancy lors d’une conférence, analysant tous deux notre souhait de vivre dans un monde libre mais devant composer au quotidien avec de nombreux éléments loins de nos idéaux. « Stop shaming proprietary software use » fut applaudi par la salle entière. Il s’agit en effet de ne pas être dans la radicalisation, dans l’intolérance mais dans la bienveillance et d’expliquer, d’argumenter, de convaincre… Nous n’avons pas pour mission d’imposer mais de proposer et d’inviter.

20200202_135716

Que trouve-t-on donc au FOSDEM ? Des conférences en pleinière ou en petit comité, des ateliers techniques, des débats, des rencontres, des stands de présentation de logiciels et langages, un espace open hardware… Bref, pas de quoi s’ennuyer sur deux jours et il faut régulièrement faire la queue pour pouvoir assister à telle ou telle présentation. Le rendez-vous est désormais lancé pour l’année prochaine. En attendant, on peut toujours voir ou revoir l’ensemble des conférences en vidéo sur le site (classement par numéro de salle) ou sur la chaîne Youtube de l’événement. Ils y sont ajoutés au fur et à mesure dans les jours qui suivent l’événement.

Laisser un commentaire