Je me suis rendu ce dimanche au hackerspace de Gand pour assister à l’événement Newline 2023, 3 jours de conférence et d’ateliers dédiés à des sujets extrêmement divers liés à la technologie, l’open source mais aussi des pratiques DIY telles que la fabrication d’un cyanotype ou d’une biosphère. Cela m’a permis de redécouvrir la ville de Gand (dans laquelle je n’avais pas remis les pieds depuis mes visites fréquentes aux Archives de l’État lors de ma thèse), mais aussi le hackerspace situé dans un espace assez étrange et franchement très intéressant, une espèce d’ancien laboratoire ou usine reconverti en espace pour les associations et apparemment quelques entreprises et startups.

Si l’affluence était très loin d’égaler celle du FOSDEM (où j’avais pris connaissance de cet événement), j’ai été agréablement surpris par d’une part le lieu et d’autre part la qualité des conférences et ateliers proposés.

Commençons par les réjouissances : le bar du hackerspace offre une quantité considérable de boissons estampillées « open source » ou « tech friendly » du classique Club Mate à divers « open cola » en passant par d’autres sodas sans artifices pour lesquelles votre serviteur s’est dévoué afin de tester celui à la cerise. Verdict : parfait ! Le tout dans une ambiance plutôt sympathique, entouré de machines étranges et old school, bien que la barrière de la langue m’ait quelque peu freiné.

Les conférences, quant à elles, étaient en anglais, plutôt techniques en début d’après-midi avant d’aborder des sujets comme les risques posés par les réseaux sociaux classiques et la présentation de quelques alternatives, dont le célèbre Mastodon, qui a connu un certain succès depuis le rachat de Twitter par Elon Musk. J’avoue pour ma part que je n’ai jamais accroché à ce dernier réseau malgré diverses tentatives et que je me sens bien plus à l’aise sur Mastodon. Vous pouvez d’ailleurs m’y rejoindre à l’adresse ci-dessous : https://mastodon.social/@jeffakakaneda

J’ai particulièrement apprécié la conférence de Merlijn Sebrechts « Stop saying computer is math! » portant sur la relation exagérée entre l’informatique et les mathématiques. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à ne pas faire d’études informatiques à l’époque car on ne cessait de me répéter qu’il fallait être fort en maths. J’étais un littéraire qui, sans le savoir, aimait les mathématiques mais pas telles que l’on nous les présentait au lycée. Par ailleurs, on ne parlait pas encore d’art numérique et dans mon univers influencé par la « demo scene » (ou l’art d’exploiter la puissance des ordinateurs pour faire des démos artistiques de nos compétences techniques), par exemple cette démo sur Amiga ci-dessous, on ne me faisait entrevoir également que l’informatique pour l’entreprise ou l’administration. J’ai donc fait Histoire (ce que je ne regrette d’ailleurs pas, ce parcours m’ayant fait atterrir au LAMOP, l’une des plus belles périodes de ma vie). Maintenant j’observe avec une légère pointe de jalousie 😉 ma fille tenter le concours de la Cambre (section textile) à Bruxelles que j’aurais bien tenté à l’époque en arts numériques (mais il n’y en avait pas… peut-être alors la section arts du livre).

Certes, dans le code, il y a des maths mais bien des activités liées à l’informatique ne demandent pas de super niveau dans ce domaine, pas plus que de savoir compter et de connaître les bases. Lorsque quelqu’un dans l’assistance lui a fait remarquer que l’exemple de code en Scratch qu’il venait de présenter comportait des calculs, il lui a répondu fort à propos que le niveau de compréhension des maths sur ce code ne dépassait pas celui que nous utilisons pour faire nos courses. Les mathématiques font partie de la science informatique mais n’en sont qu’un des nombreux outils pas l’outil primordial. Le code a bien plus à voir avec la logique, la philosophie voire la linguistique qu’avec les mathématiques. Dépasser le discours classique trop souvent servi auprès des jeunes permettrait sûrement de faire naître des vocations actuellement tuées dans l’oeuf.

Sa conférence est déjà en ligne et je vous invite à la consulter. D’autres conférences sont disponibles sur la chaîne Youtube du Hackerspace.

Je n’ai pu assister qu’à la dernière journée mais cet événement avait quelque chose de rafraichissant. En écoutant les conférences dans cette salle quasi-nue, je repensais au compositeur Moby qui raconte ses débuts dans l’ouvrage Porcelain et notamment la période où il logeait et avait créé son studio dans un local d’une ancienne usine. J’avoue que j’imaginais cette pièce en laboratoire façon Moby voyant où je mettrais mon (mes) ordinateur(s), mon studio, mon atelier d’art et de bidouille, ma cuisine, un espace pour dormir… Bref, un retour aux sources…

Merci en tous cas Newline pour votre accueil !

Seul regret de cette journée : je n’ai pas réussi à montrer la sortie à un pigeon désespérement coincé contre un vasistas et cherchant à s’échapper. Il n’y avait pourtant pas loin à faire mais il lui aurait fallu auparavant changer de point de vue et considérer qu’il valait mieux non contempler le ciel mais regarder plus bas pour découvrir un couloir très court menant à la sortie vers l’air libre de Gand. J’ai tenté de diverses manières de l’attirer mais je ne faisais que l’effrayer. J’espère qu’il a trouvé la sortie depuis.

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